Vanille en Crise : Pourquoi les offres TikTok à 3,56€ détruisent la filière (et notre savoir-faire)
En tant que fondateur du Comptoir de Toamasina, je consacre ma vie à la vanille de Madagascar depuis plus d’une décennie. Aujourd’hui, je ne vous écris pas seulement en tant qu’expert, mais en tant qu’acteur de terrain qui voit sa filière menacée d’effondrement.
Vous avez peut-être vu passer ces offres « incroyables » sur TikTok ou d’autres plateformes : 20 gousses de vanille pour 3,56 €. Ces prix sont le symptôme d’une maladie profonde qui ronge la filière malgache.
Cette situation n’est pas le fruit d’une « concurrence saine ». C’est une guerre prédatrice, alimentée par une crise sans précédent à Madagascar. Je veux vous expliquer ce qui se passe en coulisses, pourquoi ces offres sont une illusion, et pourquoi votre choix en tant que consommateur n’a jamais été aussi crucial.
L’illusion des 3,56 € : une concurrence qui nous tue
Le premier problème que vous, consommateur, pouvez constater, c’est cette inondation de vanille à bas prix. Il faut être clair : ces offres sont une concurrence déloyale qui détruit les entreprises structurées comme la nôtre.
- Comment est-ce possible ? Ces vendeurs opèrent souvent « sans numéro fiscal », sans contrôles qualité, et sans payer les charges auxquelles nous sommes assujettis en France.
- Que vende-t-ils ? Ils écoulent les « vieux stocks » issus de la surproduction mondiale. C’est de la vanille de qualité inférieure, souvent sèche et pauvre en vanilline, bradée sous des noms fantaisistes pour tromper le consommateur.
Pour nous, les « acteurs historiques » qui respectons la réglementation, payons nos impôts et nous battons pour la qualité, l’impact est direct. C’est une destruction de valeur qui nous asphyxie.
D’où vient cette « vanille bradée » ? La crise à Madagascar
Cette concurrence déloyale n’est possible que parce que Madagascar est à genoux.
L’Océan de Vanille Le marché est « inondé ». L’offre mondiale (6 000 tonnes) est plus du double de la demande (2 500 tonnes). Le résultat ? Les prix aux producteurs se sont effondrés. Dans la région de la SAVA, des planteurs ont dû vendre leur vanille verte à 20 000 ariary (4 €) le kilo. Des rapports font même état de 7 000 ariary (1,50 $).
C’est un désastre humanitaire qui pousse les producteurs à la pauvreté et dégrade la qualité.
L’Échec de la Régulation Pendant des années, le gouvernement malgache a tenté d’imposer un « prix politique » de 250 $/kg à l’export. Ce prix, totalement déconnecté de la réalité de la surproduction, a été un échec. Les acheteurs internationaux ont boudé la vanille malgache, les stocks se sont accumulés.
Aujourd’hui, le marché s’est effondré à un plancher non-officiel de 40 $. Face à ce désastre, le gouvernement vient de dissoudre l’organe de régulation (le CNV) et lance un plan de sauvetage de 18 mois pour tenter de « refonder » la filière.
Vanille en Crise Pourquoi les offres TikTok à 3,56€ détruisent la filière (et notre savoir-faire)
Notre rôle : pourquoi nous, « Acteurs Historiques », sommes vitaux
C’est là que notre rôle, au Comptoir de Toamasina, prend tout son sens. Le marché de la vanille est cyclique.
Cette crise, avec ses prix dérisoires, va inévitablement décourager les planteurs. La production va chuter. Ajoutez à cela un risque climatique (comme un cyclone), et une pénurie est inéluctable d’ici quelques années. Les prix vont alors flamber.
Ce jour-là, qui restera ? Les vendeurs opportunistes de TikTok auront disparu depuis longtemps.
Nous serons là. Les « acteurs historiques ». Les entreprises comme la nôtre, qui ont une infrastructure, une réputation, et une vision à long terme. C’est nous, et seulement nous, qui « nous porterons au secours » de la filière malgache en acceptant de payer le prix fort pour soutenir nos partenaires producteurs et garantir nos approvisionnements.
En laissant des entreprises comme la nôtre se faire « détruire » aujourd’hui, Madagascar perd ses alliés les plus fiables pour demain.
Comment vous, consommateur, pouvez faire la différence ?
Aujourd’hui, chaque achat est un vote.
- Méfiez-vous des prix incroyables. Une vanille de qualité, issue d’une filière qui rémunère justement ses producteurs et respecte la réglementation française, a un coût. Une vanille à 3,56 € est une illusion économique et qualitative.
- Exigez la traçabilité. D’où vient la vanille ? De quelle année de récolte ? Nous nous battons pour vous offrir cette transparence, pour contrer les « vieux stocks ».
- Soutenez les spécialistes. En choisissant Le Comptoir de Toamasina, vous n’achetez pas seulement un produit. Vous soutenez une vision : celle d’un partenariat durable, d’une expertise reconnue et d’une défense de la « vraie » vanille Bourbon de Madagascar.
Nous traversons la crise la plus grave de notre histoire. Mais nous refusons de compromettre la qualité qui a fait notre réputation. Nous continuerons à nous battre pour nos partenaires à Madagascar et pour vous, nos clients.
