Madagascar face aux droits de douane de Trump, entre négociation économique et inquiétude.
La Grande île exporte de plus en plus vers les USA notamment la vanille, c’est 7% de sa recette des exportateurs.
Les USA sont clients direct mais indirect avec des achats via la France et le Canada. Cette augmentation des droits de douane va changer le marché des matières premières. L’annonce par Donald Trump d’une augmentation généralisée des droits de douane sur les produits étrangers importés aux États-Unis a provoqué une onde de choc dans le monde entier.
Madagascar, frappée par une surtaxe de 47 %, se retrouve en première ligne de cette guerre commerciale. Alors que certains pays envisagent des représailles, la Grande Île mise plutôt sur la diplomatie et la négociation pour protéger ses intérêts économiques.
Coca Cola Domine le Marché à MadagascarÂ
Il faut savoir que Coca cola a une place très important dans le marché de la boisson et l’eau et ici, nous assistons à quelques choses de discriminant pour Madagascar, un pays qui n’a pas beaucoup de moyen économique.
Le groupe Coca-Cola est l’un des leaders du marché des boissons non alcoolisées à Madagascar, mais sa part de marché exacte n’est pas publiquement divulguée de manière officielle. Cependant, plusieurs indicateurs permettent d’estimer sa domination sur le secteur :
1. Position dominante dans les boissons gazeuses
- Coca-Cola Madagascar (filiale de Coca-Cola Beverages Africa, CCBA) contrôle une large majorité du marché des sodas, face à des concurrents locaux comme Star Brasseries (produisant Pepsi sous licence) ou des marques moins connues.
- Selon des analyses sectorielles, Coca-Cola détiendrait entre 70 % et 80 % du marché des boissons gazeuses à Madagascar.
2. Expansion dans les jus et eaux en bouteille
- En plus des sodas (Coca-Cola, Fanta, Sprite), le groupe a renforcé sa présence avec des produits comme Minute Maid (jus de fruits) et Bonaqua (eau minérale).
- Sur le segment des jus, sa part de marché serait d’environ 30 %, derrière des acteurs locaux comme Tiko ou Fresh’n Mad.
3. Infrastructure et distribution écrasante
- Coca-Cola dispose d’un réseau de distribution très développé, même dans les zones rurales, grâce à des partenariats avec des grossistes et des petits revendeurs.
- La marque est omniprésente dans les supermarchés, épiceries, restaurants et kiosques, ce qui renforce sa position dominante.
4. Concurrence limitée
- Pepsi (distribué par Star Brasseries) est le principal rival, mais avec une part estimée à  15-20 %.
- Les boissons locales (comme Bonbon Anglais ou Jus d’Ananas) restent marginales dans le segment des sodas.
Une réponse malgache axée sur le dialogue
Contrairement à l’Union européenne, qui prépare une riposte ferme, Madagascar a choisi la voie du compromis. Une réunion d’urgence a rassemblé plusieurs ministres et l’ambassadeur malgache aux États-Unis pour évaluer l’impact de ces mesures et définir une stratégie.
Le gouvernement mise sur « tous les leviers diplomatiques et commerciaux » pour obtenir une révision des tarifs douaniers et garantir un accès équitable au marché américain. Une démarche a déjà été engagée auprès de l’ambassadrice des États-Unis à Madagascar pour clarifier ces nouvelles règles.
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L’Agoa en danger ? Une épée de Damoclès pour l’économie malgache
La grande inquiétude concerne l’African Growth and Opportunity Act (Agoa), un accord qui permet à plusieurs produits africains, dont le textile et la vanille, d’entrer aux États-Unis sans droits de douane. Si Trump décide de ne pas le renouveler avant son expiration en septembre 2025, les conséquences pourraient être désastreuses.
Le secteur textile, qui représente 19,4 % du PIB malgache et emploie plus de 400 000 personnes, serait le premier touché. En 2022, Madagascar a exporté pour 406 millions de dollars de vêtements vers les États-Unis, principalement grâce à l’Agoa. Une remise en question de cet accord plongerait des milliers d’emplois dans l’incertitude et fragiliserait une économie déjà vulnérable.
La vanille malgache, un enjeu stratégique sous contrôle canadien
Au-delà du textile, Madagascar exporte de plus en plus de vanille vers les États-Unis. Paradoxalement, ce commerce profite surtout à des distributeurs canadiens, qui dominent le marché américain. Si les droits de douane augmentent, ces intermédiaires pourraient se tourner vers d’autres fournisseurs, privant Madagascar d’une manne financière cruciale. Vous comprenez, si la vanille de Madagascar est trop chère les importateurs iront dans les pays où cela est moins chère.
Sachant qu’il a trop de stock de vanille à travers le monde on peut assister à une chute du prix de la vanille très rapide et plus fortement.
Un déséquilibre commercial en faveur de Madagascar… pour combien de temps ?
Les États-Unis sont le deuxième marché d’exportation de Madagascar, avec un volume d’échanges de 786,6 millions de dollars en 2024. Cependant, le déficit commercial américain avec la Grande Île a augmenté de 3,1 %, atteignant 679,8 millions de dollars. Cette situation pourrait inciter l’administration Trump à durcir encore sa position. Mais Donald Trump ne regarde pas le marché des entreprises américaine qui domine le marché.
Une crise aux multiples facettes
Entre la menace sur l’Agoa, la hausse des droits de douane et la dépendance aux distributeurs étrangers, Madagascar se trouve dans une position délicate. Le gouvernement mise sur la négociation, mais le temps presse. Si les discussions échouent, l’économie malgache pourrait subir un choc sans précédent, affectant des centaines de milliers d’emplois et des secteurs clés comme le textile et la vanille.
Dans ce contexte, la diplomatie malgache devra faire preuve d’agilité pour éviter un drame économique qui toucherait en premier lieu les travailleurs et les petits producteurs. Les prochaines semaines seront décisives.